RECONQUÊTE DU GRAAL

Qui étais-je ?

Toujours joyeux en son éternelle jeunesse nous dit Arille, et moi, j’ai vu de l’amertume dans son regard.

Mettons-nous à sa place, reconnaissons que sa condition, sous tous ces aspects et dans tous ces états est une gageure inédite.

Nous peinons tous à nous dépêtrer avec les embûches embrouillées que nous rencontrons, mais au moins nous savons que nous sommes d’un temps défini et que nous sommes mortels. L’obligation d’identités multiples est limité par l’espace et la durée, par des appréhensions du réel circonscrites en années. Mais, Pierre-Roger lui porte trop de mémoire, alors il ne lui reste plus dans son immortalité qu’a appréhender le temps comme les enfants, source infinie d’impatience.

Sa mémoire ancestrale attend la catastrophe, l’instant d’aprés il croit de nouveau au Père-Noël.

En fourrure de lapin il a 10 ans. Redevenu dégarni en ses os, il retrouve ses huit-cent ans et la lassitude du silence, pour d' innombrables expériences, devenues indicibles.

Alors il faut le rassurer, lui redonner l’envie et la chance de ses origines, l’éloigner un peu du quotidien de 2010, pour lui rappeler certains élans vécus dans la fraîcheur et le courage de sa jeunesse physique.

C’est pourquoi, pour éviter de lui expliquer l’opposition du pays à la réforme du régime des retraites et l’organisation des manifs, Arille l’a ramené à Montségur où il a tenté d’arracher Escalibur de son socle. Raté, mais tellement amusant. Ce n’est pas ainsi qu’il va pourfendre les méchants et ramener à lui seul la justice en ce royaume. Pourtant il nous donne encore une image surprenante, originale, qui parles de tout un cadre humain d’inventions et de bonnes surprises échappant à la tourmente de l’inquiétude.